Le tadorne de belon

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Nom latin : Tadorna tadorna

Pour les Égyptiens, le Tadorne de Belon était considéré comme un animal sacré et figurait dans les hiéroglyphes pour symboliser la tendresse généreuse d’une mère.

Sa tête et son cou arborent un vert foncé irisé, tandis qu’un collier roux ceint son poitrail et que deux bandes noires marquent ses ailes avec netteté. Son bec rouge vif permet de distinguer mâle et femelle : monsieur se reconnaît à un imposant tubercule frontal, absent chez madame, et à une taille légèrement supérieure.

Le Tadorne de Belon niche dans des terriers abandonnés, n’hésitant pas à en déloger les occupants – lapins, voire renards. Il peut aussi s’installer dans des cavités naturelles ou des broussailles denses. Ce comportement fouisseur lui a valu autrefois les surnoms évocateurs d’«  oie renard  » (vulpanser), «  canard renard  » ou encore «  oie des terriers  ».

La femelle y pond une dizaine d’œufs qu’elle couve seule pendant environ 30 jours, tandis que le mâle veille aux abords du nid, prêt à repousser les intrus. Dès l’éclosion, les poussins quittent le nid pour gagner l’eau, guidés par leurs parents : ce sont des jeunes dits nidifuges, capables de se déplacer et se nourrir très tôt. 

En été, il n’est pas rare d’observer des «  crèches  » : les parents partent se nourrir, confiant leur progéniture à la garde de quelques adultes restés sur place. À leur retour, ils récupèrent leurs petits… du moins essaient-ils : il arrive que les nichées se mélangent, si bien que certains adultes se retrouvent à élever des poussins d’âges variés.

Animal sacré pour les Égyptiens, le Tadorne de Belon apparaissait dans les hiéroglyphes comme symbole de la tendresse maternelle. Les Grecs, eux, l’élevaient surtout pour ses œufs, qu’ils plaçaient juste après ceux du paon en termes de qualité. Quant aux anciens Bretons, ils en faisaient grand cas comme gibier de choix.

Aujourd’hui protégé, le Tadorne de Belon n’a plus à redouter les appétits humains. Il a peu à peu conquis l’ensemble du littoral, où il est désormais un hôte familier des zones humides et des vasières.

Le Tadorne de Belon se nourrit principalement dans les zones littorales, en particulier sur les vasières découvertes à marée basse. Son régime alimentaire est essentiellement composé de petits invertébrés aquatiques : mollusques, crustacés, vers marins, larves d’insectes, auxquels s’ajoutent des algues et des micro-organismes présents dans la vase. Sa principale ressource alimentaire sur les vasières est l’Hydrobie (Hydrobia ulvae), petit gastéropode de 2 à 4 mm. Grâce à son bec large et plat, il filtre la vase pour en extraire sa nourriture, un comportement appelé alimentation par criblage. Les poussins, dès leur sortie du nid, adoptent le même mode d’alimentation, apprenant à détecter les proies en fouillant la vase peu profonde. Opportuniste, le Tadorne peut aussi consommer des graines ou des végétaux aquatiques, selon la disponibilité des ressources. Ce régime varié lui permet de s’adapter à différents milieux humides, mais il reste tributaire de la qualité des zones intertidales pour se nourrir efficacement.

Le Tadorne de Belon se trouve dans les régions côtières du nord-ouest de l’Europe et dans des sites clairsemés autour de la Méditerranée. Il est également présent vers l’Est à travers l’Asie centrale jusqu’au nord-est de la Chine, et vers le Sud jusqu’en Iran et en Afghanistan. Ils se rassemblent en bandes énormes pour muer en mer des Wadden au nord-ouest de l’Allemagne après la saison de reproduction. Ils sont alors incapables de voler pendant 25 à 30 jours. 

L’origine du mot Tadorne (et du nom de genre Tadorna) n’est pas connue, mais ce terme est employé depuis le XVᵉ siècle. Il pourrait dériver d’un mot latin tardus qui signifie « lent, ou lourd » et que l’on trouve aussi à l’origine de Turdus et Turdidae (famille des grives et des merles), il y aurait eu un déplacement de la lettre r. Le nom vernaculaire est une dédicace à Pierre Belon, naturaliste français du XVIᵉ siècle (1517-1564) à qui l’on doit des travaux sur les animaux marins, et une « histoire de la nature des oiseaux ». Il était également botaniste. Les anglais l’ont nommé « shelduck ».